Ce mardi 16 septembre 2025 dès 21h00, Arte proposera une soirée spéciale consacrée aux conflits au Moyen-Orient.
21h00 – Israël et les Palestiniens : Une paix possible
Une vingtaine de hauts responsables de tous bords dévoilent les coulisses des pourparlers de paix israélo-palestiniens sous tutelle américaine dont l'enlisement puis l'échec, de 2003 à 2023, ont conduit au scénario du pire.
En 2005, le Premier ministre israélien Ariel Sharon prend tout le monde de court (les "parrains" de Washington, le reste de la communauté internationale et ses propres partisans du Likoud) en décrétant le retrait des colonies et de l’armée israélienne de la bande de Gaza. Suivie par la victoire électorale inattendue du Hamas, qui prend le contrôle de l'enclave et en expulse bientôt les forces du Fatah aux ordres de Mahmoud Abbas, nouveau président de l'Autorité palestinienne, cette décision va s'avérer lourde de conséquences. Elle donne lieu d'abord à d'insolubles rivalités palestiniennes, dont Israël va profiter pour étendre son emprise en Cisjordanie. Tandis que le Hamas est interdit à la table des négociations, puisqu'il prône la lutte armée contre un État hébreu qu'il refuse de reconnaître, le successeur d'Ariel Sharon, Ehud Olmert, fait à l'Autorité palestinienne une proposition réellement susceptible de ramener la paix, mais doit démissionner en raison d'accusations de corruption. Revenu au pouvoir en 2009, le nouveau Premier ministre Benjamin Nétanyahou, forcé par l'administration Obama de rouvrir les négociations en décrétant un gel provisoire de la colonisation en Cisjordanie et à Jérusalem-Est, oppose une fin de non-recevoir à la revendication palestinienne de contrôler à terme les frontières d'un futur État. C’est la dernière fois qu’avec Mahmoud Abbas ils se rencontrent face à face. Peu après, Benjamin Netanyahou accepte de traiter en sous-main avec le Hamas et de libérer plus d'un millier de prisonniers palestiniens – dont Yahya Sinouar, futur artisan des attaques du 7 octobre 2023 – en échange du soldat otage Gilad Shalit… Une décennie retracée en archives, et surtout grâce aux récits des anciennes secrétaires d'État américaines Condoleezza Rice et Hillary Clinton, d'Ehud Olmert, du conseiller d'Ariel Sharon Dov Weissglas, de hauts responsables palestiniens, dont le chef de cabinet du président Abbas, Rafiq Husseini. Les dirigeants du Hamas Khaled Meshal et Ismaël Haniyeh livrent eux aussi des témoignages exceptionnels. Un mois seulement après avoir accordé cet entretien, le second a été assassiné à Téhéran à l’été 2024 lors d'une attaque ciblée israélienne.
Israël et les Palestiniens : Vers le précipice
Au début du second mandat Obama, le nouveau secrétaire d’État John Kerry essaie sans succès de faire revenir Abbas et Nétanyahou à la table des négociations. Les hostilités reprennent : le Hamas utilise ses tunnels pour pénétrer en Israël, qui riposte avec une vaste opération militaire terrestre contre Gaza et la construction d’une barrière souterraine le long de la frontière avec l'enclave, qui coûte plus d’un milliard de dollars. L'arrivée de Donald Trump à la Maison-Blanche, au tout début 2017, change radicalement la donne : il déplace l'ambassade des États-Unis à Jérusalem – reconnaissant ainsi comme capitale du seul État hébreu la ville sainte également revendiquée par les Palestiniens –, puis organise sans ces derniers, ulcérés par sa décision unilatérale, des "pourparlers" avec... les seuls Israéliens. En favorisant ensuite des alliances inédites, dites "pacte d'Abraham", avec des pays arabes (les Émirats arabes unis, puis le Bahreïn) qui acceptent de reconnaître Israël, son administration espère limiter le pouvoir de nuisance du Hamas à la bande de Gaza – où le gouvernement de Nétanyahou, officiellement au nom de la survie économique de l'enclave, laisse arriver les valises d'argent fournies par le Qatar, puis l'Iran… Alors que sous l’égide cette fois de Joe Biden, qui succède à Trump début 2021, l'Arabie saoudite semble à son tour sur le point de "normaliser" ses relations avec Israël, le Hamas lance le 7 octobre 2023 l’attaque la plus meurtrière qu’ait subie l’État hébreu à ce jour, prenant le monde au dépourvu…
Cette seconde partie donne la parole, entre autres, au secrétaire d’État américain John Kerry, à David Friedman, nommé par Donald Trump ambassadeur en Israël, à l’envoyé spécial de ce dernier au Proche-Orient, Jason Greenblatt, aux conseillers israéliens à la sécurité nationale Jacob Nagel et Eyal Hulata, à de hauts responsables palestiniens, dont le chef de la délégation palestinienne aux pourparlers de paix Saeb Erekat, et, toujours, aux dirigeants du Hamas Khaled Meshal et Ismaël Haniyeh, tué en 2024, un mois après avoir accordé cet entretien.
22h55 – Liban : anatomie d'une guerre
Pour contraindre le Hezbollah à déposer les armes, Israël a bombardé massivement des quartiers acquis à la milice chiite, tuant de nombreux civils. Ce documentaire interroge la stratégie de destruction de Tsahal.
Le 8 octobre 2023, au lendemain des attaques terroristes du Hamas contre Israël, le Hezbollah bombarde des positions militaires israéliennes. Durant onze mois, les combats se limitent à des échanges de tirs sur la frontière. Avec ses 10 000 hommes et son expérience de la guerre, sa puissance de feu et son complexe de souterrains, la milice chiite, soutenue par l’Iran, se croit protégée. En septembre 2024, deux vagues d’explosions simultanées de bipeurs et talkies-walkies appartenant à des membres du Hezbollah exposent la faiblesse du mouvement. Son chef, Hassan Nasrallah, et la plupart de ses commandants meurent dix jours plus tard, lors d’une nouvelle attaque dévastatrice menée par Israël. Trois pâtés de maisons sont détruits. Au sommet de sa puissance militaire, le gouvernement de Benyamin Netanyahou poursuit la doctrine Dahiya : tout écraser sous les bombes, civils compris, pour gagner la guerre. Dans des territoires où le Hezbollah prospère, les dégâts sont colossaux, avec des quartiers – voire des villages – parfois entièrement détruits. Près de 4 000 personnes, principalement des civils libanais, perdent la vie et un million prennent les routes de l’exode, soit un quart de la population, avant qu’un cessez-le-feu ne soit signé, le 27 novembre 2024. Un simulacre de paix : à la frontière, les incursions israéliennes se multiplient, en dehors de tout cadre légal. Les Nations unies, à travers leurs casques bleus, parfois visés par des bombes israéliennes, tentent tant bien que mal de faire respecter le droit international.
00h10 – Green Line : Beyrouth, enfer rouge, jours noirs
En animation et archives, retour sur la guerre civile du Liban, à hauteur d’enfant, sur les traces de Fida, née en 1975 à Beyrouth, qui déploie les plis de sa mémoire en interrogeant d’anciens protagonistes du conflit. Entre fureur passée et poésie de la mise en scène, un poignant récit cathartique.
"Mon pays, c’est la guerre et la mort !" À Fida, née en 1975 à Beyrouth, la réalisatrice propose de retourner dans son pays, le Liban, et de "retraverser la mort pour en sortir enfin". En même temps qu’une petite figurine d’elle en robe rouge trottinant dans des maquettes d’animation le long de la ligne verte, qui départageait, dans les années 1980, l’Ouest musulman et l’Est chrétien de la ville en proie aux milices, Fida parcourt les chemins de son enfance et replonge dans l’"enfer rouge", dont lui parlait sa grand-mère, à elle qui ne voyait pas les couleurs. Morts gisant au coin des rues, massacres de Sabra et Chatila, odeur têtue de la Javel pour effacer le sang, chiens errant dans les décombres… : à la rencontre d’anciens combattants, qui lui racontent leur guerre semblable à tant d’autres, elle convoque ses souvenirs en les confrontant aux leurs. Un jour, un sniper a tenu la petite fille qu'elle était en joue, leurs regards s’interpénétrant dans la folie de l’instant. Mais Fida a moins souffert des bombes qui la privaient alors d’école que de l'absence d'un récit, d’une lueur d’explication dans les ténèbres, enfant abandonnée au chaos et à l'absurdité du conflit. Retissant les fragments de sa mémoire éclatée au fil de scènes reconstituées, Fida part dans une impossible quête de sens.