Ce soir à 21h00, Arte diffusera les 4 volets de la série documentaire inédite « Vietnam, la naissance d’une nation ».
De la domination coloniale française jusqu’à nos jours, récit des déchirements d’une nation qui a vécu comme peu d'autres les utopies et les conflits de la seconde moitié du XXe siècle. Doté d’archives exceptionnelles, un voyage au bout de l’enfer raconté pour la première fois par celles et ceux qui l’ont vécu : les Vietnamiens.
L’indépendance : 1920-1954
Lors de la seconde moitié du XIXe siècle, la France achève la conquête du Viêtnam entamée sous le Second Empire, qui devient une région de l'Indochine, perle de son empire colonial. Cette "mission civilisatrice”, tel que l’Occident aime à se les attribuer pour justifier ses visées impérialistes, s’avère en fait très rentable, source de main-d'œuvre bon marché et de matières premières (tel le caoutchouc, essentiel à l’industrie hexagonale). Si elle tente d’imposer sa culture et sa langue, la "patrie des droits de l’homme" oublie aussi vite ses idéaux.
Pour les Vietnamiens, ni liberté, ni égalité, et encore moins de fraternité. Leur empereur ne remplit qu'une fonction symbolique et les citoyens n'ont guère de droits politiques. Face à ces contradictions, la jeunesse s’insurge et, dès les années 1920, des mouvements d’opposition s'organisent sous l’influence de deux idéologies nées en Europe : le nationalisme et le communisme. Dans les campagnes, pendant la Seconde Guerre mondiale, un dirigeant communiste prône l’insoumission. Il se fait appeler Hô Chi Minh, "celui qui éclaire", et fonde le Viêt Minh, qui fait front contre l’impérialisme et veut renverser la domination française. En 1945, quand l’envahisseur japonais capitule, Hô Chi Minh lance sa révolte contre des Français désireux de retrouver leurs “possessions”.
La partition : 1954-1962
En 1954, la défaite de la France à Diên Biên Phu marque la fin de sa domination coloniale en Indochine. Mais le Viêtnam paie un lourd tribut dès les accords de Genève, signés en juillet, qui prévoient une partition censée durer deux ans. Au nord, les communistes du Viêt Min forment un gouvernement. Le sud devient l'allié des États-Unis. Les Vietnamiens ont trois cents jours pour se décider mais un million d’entre eux migrent aussitôt vers le sud. À Hanoï, Hô Chi Minh, qui fait l’objet d’un culte de la personnalité, nationalise l’industrie et le commerce puis entreprend un vaste plan de rééducation de la bourgeoisie. Sous le prétexte d’une vaste réforme agraire, les grands propriétaires terriens sont pourchassés et souvent éliminés. Au sud, Ngo Dinh Diem, président de la nouvelle République du Viêtnam, orchestre lui aussi une répression féroce contre les viêt-congs, les "rouges", ces milliers d’"agents dormants" communistes à qui Hô Chi Minh a demandé de ne pas remonter dans le nord.
La guerre : 1963-1968
En 1960, la guerre fait rage dans le sud du pays, où l’armée combat l’insurrection des viêt-congs. Sous l’impulsion de John F. Kennedy, l’Amérique s’implique de plus en plus, et fournit des conseillers au président Ngo Dinh Diem, avant d’envoyer des troupes. Mais les Américains sont vite vus comme des envahisseurs et beaucoup de Vietnamiens, dans les campagnes, rejoignent les viêt-congs pour les combattre. Catholique, Ngo Dinh Diem est contesté par les adeptes du bouddhisme, religion principale avant l’arrivée des Français.
En 1963, il est renversé et assassiné par un coup d'État militaire, suivi d’une lutte pour le pouvoir des généraux. En août 1964, les États-Unis prennent prétexte d’une double attaque (jamais totalement prouvée) d'un destroyer par des patrouilleurs nord-vietnamiens dans le golfe du Tonkin pour lancer leurs premiers bombardements. Le président Lyndon B. Johnson ne tarde pas à envoyer des troupes au sol pour combattre un nord soutenu militairement par ses alliés communistes, l'Union soviétique et la Chine...
La réunification : 1968 à nos jours
En 1973, la montée du mouvement antiguerre aux États-Unis et le nombre toujours croissant de victimes parmi les soldats américains obligent le président Nixon à se retirer, laissant le Sud-Viêtnam livré à lui-même. En 1975, la chute de Saïgon signe la victoire définitive du Nord-Viêtnam et du communisme. Après trois décennies de guerre, le pays se retrouve devant un tas de ruines. Malgré la réunification, la division reste profonde, la haine et la méfiance régnant entre les "gagnants" et les "perdants". Beaucoup d’habitants s’enfuient, les boat people devenant le symbole mondial des réfugiés politiques.