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Inédit, Younost, une jeunesse russe, ce soir à 00h10 sur France 2

Inédit, Younost, une jeunesse russe, ce soir à 00h10 sur France 2

Ce soir à 00h10 sur France 2 dans « 25 nuances de doc », diffusion du documentaire inédit « Younost, une jeunesse russe ».

Dans la ferme rééducative du père Boris se croisent les trajectoires de Nikita, petit nouveau, et de Zakhar, un Rom de Crimée habitué du lieu. De 2018 à 2022, alors qu’ils cheminent vers l'âge adulte, l’Histoire de la Russie se dessine, marquée par un patriotisme exacerbé et l’invasion de l’Ukraine.

Dans une ferme aux portes de la Sibérie, le père Boris accueille des garçons considérés difficiles, confiés à lui pour être « rééduqués ». C’est là que se croisent les trajectoires de Nikita, 13 ans, tout juste envoyé au centre par sa mère suite à de petits méfaits, et de Zakhar, un Rom de Crimée de 15 ans, déjà habitué du lieu. Le film, tourné entre 2018 et 2022, suit ces adolescents sur leur chemin vers l'âge adulte, au gré de leurs joies et de leurs peines, alors que l’Histoire de la Russie contemporaine se dessine en arrière-plan, marquée par un patriotisme exacerbé et l’invasion de l’Ukraine. Ce récit initiatique au plus proche d’adolescents issus d’une Russie souvent oubliée, jette un regard sans complaisance sur les dérives qui traversent la société russe actuelle, symbolisées par un nationalisme viril et offensif, soutenu sans réserve par l’Église orthodoxe.

Dans le texte qui suit, Anna Colin-Lebedev, sociologue et politologue spécialiste de la Russie, autrice notamment de Jamais Frères (Seuil, 09/2022), décrit Younost, une jeunesse russe comme "un film qui donne à sentir la société russe dans toute sa complexité" :

Younost, une jeunesse russe est un film qui réussit ce que beaucoup d'œuvres échouent à faire en ce moment : donner à sentir et à comprendre la société russe dans toute sa complexité et dans toute son ambiguïté, sans complaisance, mais sans jamais renoncer à l'humanité des personnages. Les adultes montrés dans le film sont souvent durs, maltraitants, radicaux, et pourtant la réalisatrice parvient à capter leur volonté paradoxale de faire le bien des enfants qu'ils encadrent. La domination et le soin, l'idéologie et l'abandon, la solitude et l'affection se côtoient dans le film. Le récit, possible grâce à une immersion longue dans cette communauté et une observation quasi sociologique, capte l’épaisseur des personnages. On saisit les logiques qui les animent, et on se surprend à penser qu'on ne déteste aucun d'eux à la fin du film.

Si la guerre conduite par la Russie contre l'Ukraine n'est pas au centre du film, elle est présente dans le récit qui montre l'embrigadement militariste et le lien de l'Église avec les autorités. Parmi les personnages marquants, celui de Zakhar, jeune Rom de Crimée, se détache particulièrement et montre à la fois la violence subie et la complexité de son rapport à la Russie.

Plus la société russe s'enfonce dans une guerre meurtrière qui détruit non seulement l'Ukraine, mais détruit la Russie même de l'intérieur, plus il est indispensable de comprendre finement les dynamiques sociales qui s'y jouent, et qui ne peuvent se résumer à une propagande d'État qui serait passivement absorbée par une population zombifiée. Younost, une jeunesse russe parvient remarquablement à nous offrir quelques pièces du puzzle.

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