Ce soir à 20h55, Arte diffusera le documentaire inédit « Haro sur l’eau ! Les fleuves en détresse » dans une soirée spéciale consacrée à l’eau.
Suivant le cours de six fleuves sur quatre continents, ce documentaire dresse un état des lieux d'une ressource vitale qui se raréfie dangereusement : l'eau. Entre pénuries accélérées par l'agriculture intensive et pistes pour y remédier, une édifiante investigation sur la crise de l'or bleu.
Partout sur la planète, l'or bleu disparaît. Tandis que l'explosion démographique et le développement économique ont multiplié par six sa consommation planétaire depuis le début du XXe siècle, le réchauffement climatique et l'agriculture intensive accélèrent aujourd'hui sa raréfaction. 10 % de cette consommation concernent les usages domestiques et 20 %, l'industrie, l'agriculture s'arrogeant à elle seule 70 % des ressources – dont 30 % pour le seul fourrage.
En Égypte, où les nappes se réduisent dangereusement, la culture des fraises pour l'exportation ou de la luzerne – parfois sur des terres louées par des entreprises étrangères avec l'appui de l'armée, qui en a chassé les paysans locaux – épuise encore les réserves. Même aberration aux États-Unis ou au Mexique, où le Colorado s'assèche. En Californie, par exemple, la luzerne pousse en plein désert avec des méthodes d'irrigation excessivement gourmandes en eau...
Malgré les alertes, l'humanité peine à modifier ses habitudes alimentaires et sa consommation de viande, sachant qu'il faut 15 000 litres d'eau pour produire un kilo de bœuf. En Inde – 18 % de la population du globe et 4 % de ses réserves hydriques –, deux tiers des cours d'eau dépendent des précipitations et des glaciers de l'Himalaya, dont 80 % pourraient fondre d'ici la fin du siècle. Sur le sous-continent, le cycle des sécheresses et des inondations s'intensifie, mais l'agriculture intensive et l'industrie textile, qui pollue fleuves et rivières, aggravent le désastre. Dans le sud du pays, où s'étendent des rizières, la crise provoque de violents litiges entre les États du Karnataka et du Tamil Nadu autour du fleuve Kaveri.
En Espagne, dans la plaine de l'Èbre, la sécheresse historique, en partie imputable à l'irrigation massive nécessaire à l'agriculture fourragère, fait aujourd'hui resurgir des villages engloutis depuis des décennies par des lacs de barrage. Tout le bassin méditerranéen est menacé par ces pénuries…
Suivi à 22h25 de « La bataille du Nil » (inédit)
Le plus long fleuve du monde, source de vie pour plus de 300 millions de personnes, est depuis toujours l'objet d'intenses luttes de pouvoir. Lorsque Nasser, au XXe siècle, fait construire le barrage d'Assouan, il s'assure un développement économique conséquent, qui lui permet d'asseoir sa domination sur l'Éthiopie et le Soudan. Mais depuis 2013, la construction par Addis-Abeba du "barrage de la Renaissance", la plus grande digue jamais dressée sur le continent africain, empoisonne à nouveau les rapports entre les trois voisins. Un accord a pourtant été noué en 2015, qui reconnaît officiellement à l'Éthiopie le droit d'ériger son barrage. Mais outre le manque de financements et le retard structurel accumulé (seule une des treize turbines fonctionne depuis 2022), l'Égypte pèse pour ralentir le chantier et multiplie les démonstrations de force aux côtés du Soudan.
Ce dernier, allié fragile de l'Égypte, a compris son intérêt à remettre en cause l'hégémonie du Caire sur la question de l'eau et n'hésite pas à jouer un double jeu. Dévasté par vingt ans d'une guerre civile qui a repris en 2023, le pays est le théâtre d'un affrontement par procuration entre Le Caire et Addis-Abeba, lesquels livrent des armes aux camps rivaux. Pour ne rien arranger, les Émirats arabes unis s'impliquent dans ce conflit souterrain depuis 2018, en se posant en médiateurs désormais incontournables. Tout en arrosant l'Éthiopie de milliards de dollars, Dubaï s'empare peu à peu des ressources minières et hydriques du pays. L'objectif, entre autres : assurer sa propre souveraineté alimentaire.
23h25 – Après le déluge (documentaire inédit)
Depuis le début de l'ère industrielle, le niveau des mers ne cesse d'augmenter. Ce phénomène en accélération, causé par la fonte des glaces et l'expansion thermique des océans – l'eau chaude prenant plus de place que la froide –, menace la survie de nombreuses populations insulaires ou côtières, voire de nations entières. Dans l'océan Pacifique, les îles Marshall pourraient ainsi devenir inhabitables sous l'effet de l'intensification des inondations et de la contamination des sols par l'eau salée, avant d'être totalement submergées. Face à ce péril, gouvernement et populations cherchent des solutions et en appellent au soutien financier de la communauté internationale. À Venise, le controversé système Mose, composé de digues mobiles, a été mis en service en 2020 pour protéger la ville des inondations, de plus en plus fréquentes en raison de la dégradation de l'écosystème lagunaire. Mais que deviendra la Sérénissime si la montée des eaux dépasse 60 centimètres, rendant cette barrière inopérante ? De l'autre côté de l'Atlantique, Miami a investi dans le rehaussement des digues, des rues et l'installation de pompes. Malgré ces efforts, un processus de gentrification climatique est à l'œuvre, les promoteurs lorgnant sur les quartiers populaires en hauteur. Enfin, au large de La Panne, en Belgique, une équipe mène un projet innovant, en tentant de récréer des récifs artificiels pour combattre l'érosion des côtes.