Ce soir à 22h30, Arte diffusera deux documentaires inédits sur les féminicides.
Je m’appelle Chance : Une voix contre les féminicides
Quand elle avait 20 ans, en 2015, un homme qui la harcelait depuis plusieurs années a logé dans la tête de Mutlu ("Heureuse" ou "Chanceuse" en kurde) une balle qui y est toujours et l'a laissée lourdement handicapée. Furieux parce que la jeune Kurde, originaire d'Ergani, dans la province de Diyarbakir, en Anatolie, repoussait ses avances, il n'avait pas supporté qu'elle remporte un triomphe dans une populaire émission turque de télé-crochet...
Après la condamnation de son agresseur à quinze ans de détention seulement, Mutlu a eu la douleur, en 2020, de perdre celle de ses cinq sœurs dont elle était la plus proche : Dilek prenait soin d'elle et toutes deux faisaient ardemment campagne contre les féminicides dans leur région et leur pays quand son petit ami, un soldat, l'a assassinée, elle aussi d'une balle dans la tête.
Plus fortes que les coups
Séparée de son compagnon, elle dit se sentir "toujours dans son emprisonnement : il recommence avec ses messages d'amour, puis ses messages d'insultes". Une autre ne se résout pas à accepter une mise à distance de trois jours, même si ses enfants lui assènent : "Maman, on veut partir." Au dernier étage d’une ancienne caserne, Audrey, Nadia et Sandrine reçoivent des femmes victimes de la violence, physique et/ou psychique, de leur conjoint. Dans un environnement apaisé aux couleurs chatoyantes, chaque lundi matin, celles-ci les encouragent en face-à-face ou par téléphone à poser des mots sur leurs maux, à épancher leur colère et leur souffrance et à reprendre leur vie en main. Victimes de violences intrafamiliales, toutes ont besoin de ne plus se sentir seules dans ce qu’elles endurent au quotidien et de trouver, par elles-mêmes, la force d’échapper à un partenaire devenu toxique.