Ce soir à 20h55, Arte diffusera les documentaires inédits « Travail forcé : le SOS d'un prisonnier chinois » et « Chine ? le piratage d’une télévision ».
TRAVAIL FORCE : LE SOS D'UN PRISONNIER CHINOIS
À Paris, une jeune femme achète un jour en pharmacie un test de grossesse bon marché fabriqué à Tianjin, en Chine. Elle y trouve, pliée dans la notice, une missive manuscrite en chinois, titrée de trois caractères latins éloquents ("SOS"). Traduite et expertisée, la lettre révèle un stupéfiant contenu : "Chers amis, savez-vous que derrière votre vie tranquille il y a des prisonniers chinois qui travaillent dans les prisons de Tianjin douze à quinze heures par jour sans manger ?"
Incarcéré, peut-être pour raisons politiques, un détenu réduit en esclavage, parmi des millions d'autres, a écrit cet appel au péril de sa vie pour l'adresser au reste du monde, petite bouteille dans l'océan des milliards de produits parapharmaceutiques, textiles ou alimentaires made in China vendus à bas prix sur le marché européen.
Depuis que les États-Unis, en pleine guerre économique avec Pékin, ont adopté en 2021 une législation contre l’importation de produits issus du travail forcé provenant de la province ouïghoure du Xinjiang, l’Union européenne est devenue le premier partenaire commercial de la Chine. Ce message est le point de départ de cette exigeante investigation internationale dévoilant la réalité du système carcéral chinois : un vaste réseau de "prisons-entreprises" s’appuyant sur une justice aux ordres, qui fournit à la "manufacture du monde" une main-d’œuvre gratuite dépourvue de tout droit. En Europe, aux États-Unis, en Chine même, l’enquête révèle ainsi la face cachée de la superpuissance asiatique et l’envers de notre consumérisme.
CHINE, LE PIRATAGE D'UNE TELEVISION
C’est en 1992 à Changchun, dans le nord-est de la Chine, qu’est né le Falun Gong, un mouvement spirituel s’inspirant du qi gong, du bouddhisme et du taoïsme. Sept ans plus tard, face à son succès exponentiel, le régime communiste chinois interdisait sa pratique, présentée comme une menace pour l’ordre social, et lançait une vaste campagne de répression à l’encontre de ses membres. Malgré le risque de représailles, au soir du 5 mars 2002, un petit groupe d’adeptes prenaient le contrôle de la télévision d’État afin de contrecarrer la propagande de Pékin, en diffusant une vidéo d'introduction au Falun Gong. Traqués, torturés et emprisonnés, certains d’entre eux sont toujours derrière les barreaux, quand d’autres ont réussi à se réfugier à l’étranger. S’il n’a pas participé au piratage, Daxiong, un célèbre dessinateur de BD, a lui-même été contraint de fuir les persécutions. Vingt ans après, désormais installé à Toronto, il a décidé de se confronter à son passé. De New York à Séoul, l’artiste part à la rencontre de membres du groupe afin de mettre en images les événements.