Le mardi 21 février 2023 à 20h55, Arte annonce une soirée spéciale « Ukraine ».
20H55 - Les survivants de Marioupol
"Voici le monde russe dans toute sa gloire", commente le filmeur anonyme, avant de ponctuer d'un juron étranglé les images de dévastation et de mort que capte son smartphone. Mêlées aux témoignages impressionnants de dignité d'une dizaine de rescapés, dont une majorité de jeunes femmes, ces scènes terribles retracent de l'intérieur le siège de Marioupol, grand port du sud-est de l'Ukraine sur la mer d'Azov, du déclenchement de l'invasion russe, le 24 février, à la reddition des derniers combattants retranchés dans le complexe métallurgique Azovstal, le 21 mai. Selon l'estimation des autorités ukrainiennes, quelque 25 000 civils auraient péri au cours de ces trois mois de bombardements et de tirs indiscriminés menés par l'armée russe, qui ont également détruit la quasi-totalité d'une ville de 430 000 habitants, alors encerclée et presque coupée du monde. Désormais annexée à la Russie au sein de quatre régions orientales de l'Ukraine, Marioupol est devenue un symbole de la violence de l'agression russe contre son voisin, ce "pays frère" que Vladimir Poutine, au jour 1 de son "opération spéciale", promettait de "libérer et de dénazifier."
22H25 - Ukraine : vers l’Europe, loin de Moscou
Le 24 février 2022, Vladimir Poutine lance son "opération spéciale" marquée du signe "Z" contre l’Ukraine. Attaquée par son voisin, cette dernière réalise enfin son unité nationale par une farouche résistance, menée sous l’égide de son charismatique et combattif président, Volodymyr Zelensky. Depuis, l’Ukraine tend un miroir à tous ses voisins : à la Russie de Poutine, qui montre son vrai visage, impérial et répressif, mais aussi à l’Europe, qui découvre sa fragilité militaire et sa dépendance énergétique. À l’instar de la récente crise sanitaire, l’invasion russe démontre les limites de la globalisation : les pays de la Méditerranée sont menacés de famine, et l’inflation enfle dans les pays industrialisés. Alors que le Kremlin agite la menace de l’arme nucléaire, la guerre révèle non seulement la véritable identité de chacun, mais fait remonter les fantômes du passé. Poutine réveille ainsi le spectre de Staline, rappelant sans cesse le courage de l’Armée rouge lors de la grande guerre patriotique face au fascisme hitlérien, ce même fascisme qu’il exhorte désormais à éradiquer d’Ukraine. Mais il puise aussi dans un passé bien plus lointain les justifications à sa guerre, s’ingéniant à prouver à coup d’arguments historiques que l’Ukraine fait partie de la Russie…
23H45 - Russie, journal d’une année de guerre
Quand Vladimir Poutine déclenche son "opération spéciale" en Ukraine, le 24 février 2022, la jeune réalisatrice Natacha Rostova se trouve à Saint-Pétersbourg, où elle vit. Désemparée et révoltée, elle décide à l'issue d'une maigre manifestation d'opposants, rapidement réprimée, de filmer clandestinement ce qui se passe dans son pays muselé, où il est interdit de prononcer le mot "guerre". Elle regagne pour ce faire sa morne petite ville natale, dans la région de Tver, où l'armée, faute d'opportunités, est le premier employeur. Une année durant, elle y filme clandestinement quelques-uns de ses concitoyens : deux frères engagés volontaires, Ivan et Boris, fils d'une farouche supporter de la guerre et de Poutine ; son amie d'enfance Valentina, mariée à un soldat, Alexeï, qui, lui, part au front la rage au cœur ; puis Arina, dont le frère Nikita a été tué en Ukraine ; le pope, enfin, qui dans le cimetière où de nouvelles tombes sont creusées chaque mois, affirme que "tous ceux qui prient sont revenus".