Ce soir à 22h40 sur France 2 « Affaires sensibles » propose la diffusion de l’enquête « Les écoutes de la République ».
C’est l’un des grands scandales de la présidence de François Mitterrand. De 1982 à 1986, l’Elysée a placé sur écoute plus d’une centaine de personnalités : responsables politiques, journalistes, hommes d’affaires, écrivains, et même des actrices comme Carole Bouquet. Sous couvert de lutte contre le terrorisme, l’Elysée a enfreint de nombreux principes démocratiques, avec un objectif : préserver la vie privée du président de la République.
Charles Pasqua, Jacques Vergès, d’Edwy Plenel, Paul-Loup Sulitzer, Jean-Edern Hallier... la liste des personnes placées sur écoute illégalement par l’Elysée dans les années 1980 ressemble à un bottin mondain. Au total, plus de 3 000 conversations ont été enregistrées, et plus de 2 000 personnes fichées.
Tout commence en 1982. Au lendemain de l’attentat de la rue de Rosiers, François Mitterrand fait part de son implacable volonté de lutter contre le terrorisme. Il annonce la création d’une cellule antiterroriste au sein même de l’Elysée. Elle est confiée à un homme de confiance, Christian Prouteau, alors patron du Groupement d'intervention de la gendarmerie nationale (GIGN). C’est l’acte de naissance officieux de la "cellule".
Mais au fil des mois, elle va multiplier les écoutes de personnalités qui n’ont que peu ou pas de lien avéré avec le terrorisme, et ce en-dehors de tout cadre légal. C’est qu’à l’époque, François Mitterrand veut protéger un lourd secret : l’existence de sa fille Mazarine, et sa liaison avec sa mère Anne Pingeot. Au nom de la protection du président, les hommes de Christian Prouteau vont se livrer à des dérapages sans précédent.
Une "affaire sensible" qui questionne le fonctionnement des institutions, et donne la parole à de nombreux protagonistes de l’époque, "écoutés" comme "écoutants" : Edwy Plenel, Frédéric et Laurent Hallier, le fils et le frère de l’écrivain Jean-Edern Hallier, Jean-Louis Esquivié, ex-numéro 2 de la "cellule", Louis Schweitzer, chef de cabinet du Premier ministre de l’époque Laurent Fabius, ou encore Pierre Joxe, alors ministre de l’Intérieur, l’un des rares à avoir osé dire au président qu’il fallait mettre fin aux écoutes. François Mitterrand a toujours nié avoir été informé de leur existence.