Alors que les Français sont de plus en plus méfiants dans le contenu de leurs assiettes, l’enquête de Cellule de crise sur le lait infantile contaminé, ce soir à 23h05 sur France 2, illustre comment l’agroalimentaire n’est toujours pas une industrie sous contrôle.
Tout juste un an après la découverte de l’épidémie, les principaux acteurs de l’affaire Lactalis racontent les coulisses de la crise.
Le 30 Novembre 2017, les biologistes de l’Institut Pasteur identifient une épidémie de salmonellose. Les victimes sont des bébés, tous ont consommé des poudres de lait produites par le géant mondial Lactalis.
C’est le début d’une crise alimentaire marquée par une spectaculaire et inquiétante série de dysfonctionnements : retards pour informer les parents, tergiversations pour identifier les lots potentiellement contaminés.
C'est aussi le fiasco du retrait des produits dans les grandes surfaces, dans les pharmacies, les hôpitaux et les crèches. On assiste également au long silence du président de Lactalis, qui fuit les caméras.
Des cafouillages tels, que le ministre de l’Economie finit par qualifier publiquement le fleuron français du lait d’« entreprise défaillante ».
Cellule de crise retrace les rebondissements d’une affaire qui révèlent les difficultés des pouvoirs publics à contrôler l’industrie agroalimentaire.
Ces dernières années, Lactalis a régulièrement constaté la présence de salmonelles dans son usine et même dans ses poudres de lait, mais les autorités sont toujours passées à côté.
Au moins 210 nourrissons ont été contaminés. >
L’Etat avait déjà fait face à une épidémie identique douze ans plus tôt, dans la même usine, mais n’a pas su en tirer les leçons.
Faute de moyens, le service public chargé de contrôler les usines ne fait pas de prélèvement et s’appuie sur les « autocontrôles » réalisés par les industriels. Ils ont ainsi attribué la meilleure note à l’usine pour son hygiène trois mois avant sa fermeture en urgence.
La Répression des fraudes et le ministre de l’Economie ont dû livrer un long bras de fer - longtemps resté confidentiel - avec le géant du lait.
Le laboratoire privé chargé de traquer les salmonelles pour Lactalis explique que ses analyses ne sont pas suffisantes pour garantir la sécurité des consommateurs.
Les parents, traumatisés par la violence des symptômes de leurs enfants sont devenus lanceurs d’alerte face à la surdité de l’industriel et des grandes surfaces.
Des dirigeants de Lactalis ont été interrogés sur leur application minimaliste du principe de précaution et leur étonnant manque de transparence.