En février dernier, TF1 diffusait la série française « Les bracelets rouges ». La saison 1 a été couronné de succès tant critiques que d’audience (7 millions de téléspectateurs). La saison 2 est en tournage pour une diffusion début 2019 sur TF1.
Il est des tournages qui respirent l’harmonie et renvoient une impression de bien vivre ensemble. La série, «Les Bracelets Rouges», qui tourne actuellement sa saison 2, en fait partie. Car ce n’est pas une fiction comme les autres, outre le fait que la majorité de ses comédiens soient adolescents, elle a pour particularité de se passer dans le cadre hospitalier.
Tout comme dans la vraie vie, les patients débordent de questionnements : sur leur avenir bien sûr, mais également sur leurs relations, qu’elles soient amicales, amoureuses ou familiales… Immersion, le temps d’une journée, dans la peau des «Bracelets».
Jeudi 19 Juillet. Températures caniculaires. Hôpital Simone Veil de Montmorency. Toute l’équipe des «Bracelets» est sur le pont pour jouer une scène centrée sur le personnage de Côme. Azzize Diabate (alias Medhi) plâtre à la jambe et minerve en place, amuse la galerie dans le couloir, assis dans son fauteuil roulant avec lequel il fait des figures acrobatiques. Une façon de décompresser avant de se concentrer.
Deux baskets dépareillées traînent sur le sol... Audran Cattin (Thomas) et Tom Rivoire (Clément), le crâne rasé de près, les ont troquées contre une longue chaussette verte, artifice nécessaire pour rendre visible leur handicap. Ils se vannent gentiment en attendant le fameux «Silence, ça tourne !» Louna Espinosa (Roxane), évanescente, attend sa scène dans l’entrebâillement de la porte.
Dans la chambre du petit Côme, une nouvelle ado occupe le lit de Sarah (Esther Valding), disparue en fin de Saison 1. Blonde, grande, Mona Bérard, interprète Louise. Elle porte un tube respiratoire, car son personnage est atteint de mucoviscidose. Soudain, Marius Blivet (Côme), 13 ans, en pyjama, file vite s’allonger dans son lit, rejoint par la comédienne Cécile Rebboah (sa mère Nathalie dans l’histoire), car les caméras vont tourner…
Chacun est prêt à dire son texte quand soudain, un avion passe juste au-dessus de l’hôpital faisant un raffut de tous les diables, suivi par un autre. Roissy n’est pas bien loin et ils sont sous un couloir aérien. La scène va pouvoir reprendre. On arrête les ventilateurs. Plus un bruit. «Ça tourne !» Nicolas Cuche, le réalisateur, est méticuleux et sait exactement ce qu’il cherche à obtenir de cette bande d’ados débordants d’énergie.
La même séquence est reprise toute la matinée jusqu’à parvenir au résultat souhaité. Louna (Roxane) doit entrer avec précipitation dans la chambre en poussant le fauteuil d’Azize (Medhi), qui risque d’y laisser quelques doigts de pied à chaque prise, car le virage est serré ! Réunis autour de Côme, (dans le coma), ils espèrent stimuler son réveil en entonnant un rap qui résonne dans tous les couloirs : «Réveille-toi, réveille-toi, réveille-toi !» Marius doit rester impassible, mais avec cette bande de joyeux lurons, ce n’est pas chose facile…
Une fois la prise bonne, il faut tourner les champs et contrechamps et retravailler la position des lumières. Ça fourmille derrière les caméras, chacun sait exactement ce qu’il a à faire et serpente avec agilité dans le couloir encombré de câbles, de caméras et du combo qui donne le retour image. Le coiffeur et la maquilleuse attendent dans la bonne humeur pour faire les retouches entre chaque prise, car la chaleur fait son œuvre.
En dehors des acteurs, la crédibilité d’une fiction de ce type repose sur son décor. Ici, ce n’est par un simple décor d’hôpital. Il doit être à la fois authentique et accueillant. Personnel et chaleureux. Mais comment tourner des scènes d’hôpital sur plusieurs mois ? Dans un vrai hôpital ? «Impossible dans un service en fonction, pour des questions de praticité et de nécessaire stérilité», nous explique Claude Azoulay, le directeur de Prod qui propose une visite des lieux.
Alors quoi ? Une aile désaffectée d’un centre hospitalier ? «Elles sont en général trop délabrées, n’étant pas chauffées», répond-t-il. «En fait, l’hôpital des «Bracelets» n’existe pas. Ou plutôt, il est multiple, car quatre lieux ont été utilisés pour le créer. Pour les scènes intérieures comme les chambres et les couloirs, nous tournons ici, dans l’hôpital Simone Veil de Montmorency. Il est idéal, car en fait c’est un EHPAD*», précise-t-il. «Les chambres sont plus grandes et les couloirs plus larges, avantage important pour les caméras.
En outre, comme cette aile est utilisée par des associations, elle n’est pas laissée à l’abandon», précise-t-il. «Nous avons néanmoins dû rafraichir tout l’intérieur, des peintures aux embrasures de portes, créer des têtes de lits, ouvrir des cloisons, aménager des ouvertures vitrées pour avoir plus de profondeur de champ… La série ayant rencontré un vif succès, non seulement au niveau du public, mais aussi du personnel hospitalier, ça nous a ouvert des portes et nous avons la chance d’être assez libres. Pour cette deuxième saison, 3 mois de travaux ont été nécessaires, car nous avons créé une aile des anorexiques sur tout un niveau.
D’un point de vue général, il a fallu veiller à préserver une certaine homogénéité, notamment par l’artifice d’un code couleur, le bleu, reproduit dans les quatre lieux. Par ailleurs, l’hôpital étant censé se situer à Arcachon, nous avons également dû trouver des astuces pour gommer certaines disparités contextuelles. Nous avons, par exemple, placé une grue avec un spot extrêmement puissant à l’extérieur, pointant sur les chambres, pour reproduire la lumière du sud-ouest.
Et pour éviter les vues plongeantes sur des pavillons typiques de la banlieue parisienne, nous avons opacifié les vitres des chambres et mis quelques stores», conclut-il. C’est dire si la production a le souci du détail. Sans cette visite guidée et quelques visseuses au sol, rien ne laisse entendre que ce lieu n’est pas réel.