Le Monde d’en face proposera le mardi 11 septembre 2018 à 20h50 le documentaire inédit « En prison pour rien ».
En France, sur une population carcérale d’environ 70 000 détenus, près de 30% sont des « prévenus », autrement dit des personnes en détention provisoire. Soupçonnés d’avoir commis un crime ou un délit, elles sont incarcérées pendant l’instruction de l’affaire.
Chaque année, des citoyens innocents sont incarcérés à tort pendant des jours, des semaines voire des mois, avant d’être libérés sans même être jugés car la justice, entre-temps, s’est rendue compte de son erreur. Ainsi, en 2015, 576 personnes ont bénéficié d’un non-lieu après avoir été incarcérées. D’autres innocents restent détenus jusqu’à leur procès... où la justice les libère après les avoir acquittés.
De nombreux anonymes, dont le calvaire n’est pas médiatisé, connaissent l’injustice de la justice. Ces innocents sont jetés en prison pour des délits qui vont de la simple escroquerie au crime de sang, en passant par le braquage ou l’agression sexuelle. Durée moyenne de leur incarcération : 7 mois. Certes, ils recouvrent un jour leur liberté, mais leur incarcération, quelle que soit sa durée, laisse des traces indélébiles. Même après avoir été innocentés, les victimes d’incarcération abusive restent à perpétuité des « mis en cause ».
Ce documentaire donne la parole à quatre victimes incarcérées à tort pour des crimes qu’elles n’ont pas commis afin de comprendre au mieux ce qu’elles ont vécu et comprendre les dysfonctionnement de notre système judiciaire.
En novembre 2016, Eric, âgé de 43 ans, marié et père de 4 enfants, a été accusé de viol sur une fillette de 4 ans. Mis hors de cause par des expertises ADN, il se bat toujours pour obtenir un non-lieu. Eric a passé 126 jours en prison.
Alain a été incarcéré 180 jours pour trafic de drogue et blanchiment d’argent. Il est sorti au bout de 6 mois de prison mais n’a été relaxé qu’au bout de 4 ans. Son entreprise a fait faillite, son nom sali, il n’a jamais pu retravailler normalement.
Christian, artisan breton, a été emprisonné pendant 2 semaines et a passé 5 ans sous contrôle judicaire sans pouvoir quitter son département avant d’obtenir une relaxe dans une affaire de braquage.
Malek, psychiatre, a été accusé de trafic de faux papiers en bande organisée et est resté 45 jours à la prison des Baumettes à Marseille. Ce n’est que 5 ans plus tard que la Justice a reconnu son erreur mais l’homme est resté brisé par son incarcération.