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Autopsie d’un scandale politique : l’écotaxe, ce soir à 20h50 dans Le monde en face sur France 5

Autopsie d’un scandale politique : l’écotaxe, ce soir à 20h50 dans Le monde en face sur France 5

Ce soir à 20h50 sur France 5, diffusion du documentaire « Autopsie d’un scandale politique : l’écotaxe », dans le cadre du magazine « Le monde en face ».

Comment l’écotaxe, votée presque à l’unanimité à l’issue du Grenelle de l’environnement, a-t-elle pu être définitivement enterrée huit ans plus tard ? Ce film raconte l’histoire d’un fiasco politique et d’un véritable scandale financier à 1,2 milliard d’euros. Après sa diffusion, Marina Carrère d’Encausse anime un débat avec des experts.

En France, où 86,6 % du transport de marchandises se fait par camion, l’urgence de limiter les émissions d’oxyde d’azote et de particules fines s’impose comme une priorité, en 2007, lors du Grenelle de l’environnement. La proposition d’une écoredevance selon le principe du pollueur-payeur suscite l’enthousiasme de tous les participants. « C’était une des mesures d’ailleurs plébiscitées par le public », rappelle Nathalie Kosciusko-Morizet, alors secrétaire d’État chargée de l’Écologie. « L’idée est très simple,explique Dominique Bussereau, secrétaire d’État chargé des Transports de 2007 à 2010. Le transporteur routier paie une taxe par rapport au nombre de kilomètres parcourus. » Une façon de compenser l’usure des routes et la pollution, notamment pour les poids lourds étrangers qui empruntent massivement les autoroutes françaises. Car celles-ci sont souvent moins chères qu’ailleurs en Europe où le principe de l’écotaxe est déjà appliqué. L’argent récolté servira à financer d’autres types de fret moins polluants, comme le train ou le transport fluvial.

Mais avant même que la mesure ne soit votée, la Fédération nationale des transports routiers obtient du gouvernement la promesse d’un dispositif de répercussion de l’écotaxe dans les prix de vente des transporteurs. Dès lors, l’opposition se déplace sur les chefs d’entreprise et agriculteurs de l’industrie agroalimentaire, particulièrement en Bretagne, où le secteur, en crise, est très dépendant des transports par la route. Or, grâce à une volonté politique de désenclavement dans les années 1960, la région bénéficie d’un réseau routier gratuit. Deux députés bretons (LR) déposent alors 31 amendements pour tenter d’exempter la Bretagne de l’écotaxe, au nom de « la périphicité », l’isolement de leur région. Un argument qui est loin de convaincre tout le monde, mais qui leur permet d’obtenir, en novembre 2008, une diminution de 25 % de l’écotaxe, puis de 40 % suite à la mobilisation générale des acteurs économiques bretons.

Afin de mettre en œuvre le dispositif de collecte, l’État signe un contrat avec une entreprise privée italienne : la filiale française Écomouv’ est créée et annonce le recrutement et la formation de près de 190 salariés et 150 douaniers. Des boîtiers GPS commencent à être installés dans les camions et 173 portiques sont destinés à être implantés sur 15 000 kilomètres de routes nationales et départementales. Les recettes attendues sont de 800 millions pour l’État, 160 millions pour les collectivités et 240 millions pour Écomouv’. Mais l’usine à gaz administrative accumule les retards…

La grogne monte en Bretagne lorsque les premiers portiques sont édifiés, en 2013, et gagne d’autres secteurs de l’activité économique. La fronde de ceux qui portent désormais un bonnet rouge, en hommage à une révolte bretonne similaire menée sous Louis XIV, s’intensifie sur le terrain, et trouve un allié de poids en la personne du Breton Jean-Yves Le Drian, ministre de la Défense. Celui-ci n’aura de cesse de soutenir les entreprises agroalimentaires bretonnes, finalement relayé par Ségolène Royal, alors en charge du ministère de l’Écologie. « L’écologie ne doit pas être punitive », déclare-t-elle à la presse, stupéfiant les principaux partisans de la loi. Une nouvelle mouture de la mesure conduira, suite aux manifestations des transporteurs routiers, au report sine die de l’écotaxe, puis à son abrogation pure et simple en octobre 2014. Le coût global de la résiliation pour l’État est d’environ 1,2 milliard d’euros. Un financement répercuté sur l’automobiliste : une hausse de 2 centimes sur le gasoil est annoncée pour remplacer l’écotaxe. « C’est une histoire triste, conclut Cécile Duflot, ministre du Logement et de l’Égalité des territoires (2012-2014). Elle montre l’hypocrisie des politiques, le manque de courage, l’instrumentalisation, et raconte la duplicité d’un discours qui dit que la crise climatique est l’enjeu majeur face à l’incapacité à passer aux actes. »

 

Source : France 5

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