Hier, à la surprise générale, iTELE a publié le communiqué suivant :
« Jean-Marc Morandini rejoindra, comme prévu, iTELE à partir du mercredi 19 octobre. Il animera Morandini Live, un magazine consacré aux médias avec interviews, débats et infos liés à l’actualité du secteur.
Morandini Live, c’est du lundi au vendredi de 18H à 19H. »
Jean-Marc Morandini arrivera donc sur iTELE le 19 octobre prochain, pour une quotidienne sur les médias, proposée entre 18h et 19h. Cette nouvelle émission devait être lancée fin août 2016, mais elle a été repoussée suite aux déboires judiciaires de Jean-Marc Morandini.
L’annonce d’iTELE est une vraie surprise, car le journaliste est retiré de l’antenne depuis la rentrée, suite à ses démêlés avec la justice. Il y a 2 semaines, on apprenait même sa mise en examen pour « corruption de mineur aggravée ».
« Jean-Marc Morandini est empêtré dans deux affaires depuis les révélations des "Inrocks" en fin de saison dernière sur les castings douteux de sa web-série "Les Faucons", qu'il a produite. La première concerne des échanges de SMS et une séance photo à son domicile avec des jeunes garçons mineurs à l'époque des faits. (…) seconde concerne "Les Faucons" : Jean-Marc Morandini a été entendu par la police et des plaintes pour "harcèlement sexuel" et "travail dissimulé" ont été déposées à son encontre » rappelle Pure Médias.
iTELE sera le seul média sur lequel officiera Jean-Marc Morandini. Pourtant, la chaîne du groupe Canal + avait préféré annulé son arrivée, fin août 2016.
Europe 1 a écarté Jean-Marc Morandini de l’antenne, depuis la rentrée. Thomas Joubert présente désormais « Le grand direct des médias » et la suite de la matinée a été remaniée. Son retour n’est pas prévu avant la fin des déboires judiciaires.
Enfin, NRJ12, qui l’avait maintenu à l’antenne à la rentrée, l’a écarté depuis deux semaines, suite à sa mise en examen. Ainsi, ses plateaux dans « Crimes » ont été supprimés de l’émission. Il en reste la voix off, mais n’apparait pas à l’antenne.
Le choix d'iTELE a surpris tout le monde. Fin septembre, la direction avait assuré, aux salariés, que l’arrivée de Jean Marc Morandini sur l’antenne d’ITELE ne se posait plus.
L’annonce de vendredi matin a mis en colère la société des journalistes d’ITELE. Voici le communiqué de la SDJ :
« L'arrivée de Jean-Marc Morandi est inacceptable.
La Société des journalistes d'I-télé- Canal+ a appris avec consternation la venue de Jean-Marc Morandini sur l'antenne de l'iTele à partir du 19 octobre pour une émission quotidienne consacrée aux medias.
La rédaction est sous le choc, inquiète de l'impact de cette décision.
A plusieurs reprises déjà depuis l'ouverture d'une enquête à son encontre, nous avons exprimé notre profond désaccord sur la venue de Jean-Marc Morandini. Nous l'avons exposé à notre direction. Il nous apparaissait déjà qu'il était inacceptable d'associer notre image à celle d'un producteur de série érotique sur le net (Les Faucons), cette situation étant de nature à porter atteinte à notre honneur, à notre réputation et d'une manière générale aux nos intérêts moraux.
Notre métier repose sur la crédibilité. Celle d'une rédaction, celle de ses journalistes. Sur notre image. Sur une déontologie. C'est notre bien commun.
Sans préjuger de sa culpabilité, en respectant sa présomption d'innocence, il est évident que la présence de Jean-Marc Morandini entachera l'image de la chaine et de ses journalistes.
Il y a deux semaines, la direction nous expliquait que " les faits reprochés à Jean-Marc Morandini (étaient) graves, et (que) la question de son arrivée ne se (posait) plus. Sauf contrordre ".
L'argument avancé aujourd'hui par la direction pour justifier ce " contrordre " est le suivant : faire remonter les audiences. Il est d'un cynisme en complet décalage au vu de la gravité des faits qui lui sont reprochés.
Actuellement Jean-Marc Morandini est mis en examen pour " corruption de mineurs ", et " corruption de mineurs aggravée " par l'utilisation d'un moyen de communication électronique. Par ailleurs, il a été placé sous contrôle judiciaire avec interdiction d'exercer une activité professionnelle en lien avec des mineurs.
Le contrôle judiciaire reflète la gravité des soupçons qui l'empêchent, à nos yeux, de pouvoir être l'une des incarnations fortes d'iTélé. Que ferons-nous lors de la prochaine étape judiciaire pour rendre compte des faits ?
Le simple fait d'écrire ces lignes nous paraît à tous surréaliste.
Alors que depuis des années, l'opinion attend particulièrement des personnalités publiques la probité qui s'impose à tous, alors que le principe d'un retrait de ses fonctions lors d'une mise en examen en attendant le jugement est communément acquis (chez les élus, les fonctionnaires, les sportifs, entre autres) comment pourrions-nous, en tant que journalistes, nous en exonérer ?
Parce que nous souhaitons tous la réussite de notre chaine et parce que le 19 octobre est encore loin, nous demandons à notre direction de revenir sur sa décision. Dans l'intérêt de tous ».
Suite au communiqué de la SDJ, la direction de iTELE a répondu via un court communiqué : « Le communiqué de la SDJ d'iTELE diffusé cet après-midi met en cause le principe de la présomption d'innocence. Les directions d'iTELE et du Groupe CANAL considèrent que ce principe est un droit essentiel de la démocratie, et continueront à l'appliquer ».
Le groupe Canal + refuse de revenir sur sa décision.
La rédaction est affligée. Une motion de défiance sera votée lundi. Les témoignages anonymes de membres de la rédaction sont lisibles dans le Parisien : « Comment faire une chaîne d’info crédible avec Morandini ? En termes d’image, c’est catastrophique. On ne fait pas le même métier. Qu’il aille sur C8 ou CStar, mais iTELE ? Franchement, c’est une menace pour la profession ». « C’est un désastre », selon un autre témoin. « C’est Bolloré qui a imposé Morandini. Il lui est fidèle, coûte que coûte » indique un cadre du groupe Canal +.
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Source : Itele, Pure Médias